développement personnel ou de l'ego ?

Xavier Coquelle Août 2013


Le développement personnel est-il le développement de l'ego ?

A cette question difficile, laissez moi vous donner un avis clair : oui ! … et quelques éléments de relativisation qui nous mèneront peut être à faire un plus juste tri dans les sous entendus de la question.
Certains voient ou présentent le développement personnel comme une démarche spécifique, originale et non naturelle. Est-ce vraiment le cas ?

Changement permanent

Toute notre vie n'est que changement. La personne que vous étiez hier, n'est pas celle d'aujourd'hui. Hier vous avez fait un bout de chemin particulier, appris des choses, vécu des choses. Votre expérience à augmentée. Vous vous êtes développé. Est-ce pour mieux ou moins bien, à vous de le dire, mais vous avez changé. Hier a été une étape de votre développement personnel.
Demain … on ne sait pas très bien encore mais probablement votre expérience sera autre et vous développera encore.
Le développement personnel est, de fait et très simplement, ce chemin quotidien que nous faisons. C'est ce même processus d'adaptation, ce processus essentiel de vie.

Adaptation nécessaire

Ce qui nous arrive, les événements auxquels nous sommes confrontés semblent exiger notre adaptation.
Et c'est bien nous-même qui faisons l'adaptation. Nous ajustons nos propres modes de fonctionnement, de nos comportements à nos croyances.
Ce développement personnel est une nécessité incontournable pour nous tous.

Chemin plus conscient

Nous pouvons faire de ce chemin quelque chose de plus conscient, et nous pouvons aussi le faire de façon plus volontaire, y mettre une emphase particulière. Peut être est-ce cela, ce développement personnel avec ces sous entendus d'originalité.

Des limites certaines

Face à cette injonction omniprésente de la nature, nous pouvons aussi parfois glisser très inconsciemment dans des choix qui nous changent certes, mais ne nous développent que bien peu.
Ce sont ces barrières, ces freins, ces retraits que nous adoptons pour nous protéger de changements qui nous font trop peurs.
Cela fait partie de notre adaptation. Nous protéger a toujours quelque chose de légitime. Nous limiter est certainement dommage. Nous faisons les deux, consciemment et, plus sûrement encore,  inconsciemment.

Un commerce parfois vulgaire

Le développement personnel n'est donc pas une voie originale ou une mode sortie du chapeau de quelque modernité nouvelle. L'originalité de notre époque est peut être plus d'avoir fait du développement personnel un objet de marketing grand public.
Confucius, Socrate, Bouddha et bien d'autres semblent aujourd'hui pouvoir être achetés par petites boites bien pacagées de développement personnel. Ces produits commerciaux paraissent parfois bien stupides, souvent simplistes voire vulgaires. A mon avis, le pire de cette vulgarité réside dans ces quelques auteurs qui prétendent mettre leur copyright sur des pratiques millénaires du développement de la conscience de soi.
La vulgarisation ouvre toutefois une audience plus large à des hommes remarquables et des auteurs de qualité. Certains le méritent grandement.
Derrière les néons clignotants et multicolores des enseignes marchandes de développement personnel, il y a de la vraie matière pour les chercheurs authentiques.

Une affaire de chercheur

Car le développement personnel est une affaire de chercheur. Cela devrait être une évidence, quiconque  aurait trouvé n'aurait plus besoin de chercher. Quiconque se considérerait comme abouti, n'aurait plus besoin de se développer. Pour ma part, je dirais alors simplement qu'un tel homme serait fini.

Une affaire personnelle par définition

Le développement personnel est aussi une affaire … personnelle !
Son objet est bien de parcourir son propre chemin afin de grandir.
Bienvenue à ceux qui nous offrent témoignage de leur propre cheminement, dès lors que celui-ci nous parle personnellement.
Bienvenue à ceux qui nous décrivent certains de leurs résultats, dès lors que ces derniers nous inspirent personnellement.
Ce qui ne fait pas écho en nous est hors sujet. Et que les vérités et diseurs de vérité qui nous éloignent de la recherche de notre propre développement restent bien calés sur les étagères des marchands.

Égocentrique et égoïste ?

Soyons ici résolument personnels, égocentriques et égoïstes !
Soyons-le au moins autant que lorsque nous nous occupons de notre propre respiration, de notre alimentation, de notre santé.
Rendez-vous compte, nous respirons dans notre coin tout seul d'une respiration qui souvent ne se préoccupe pas des autres !
Relativisons bien, s'occuper de soi est une condition de vie et même de survie.
Comprenons qu'une mère Téresa justement nourrie est une plus forte possibilité d'altruisme véritable.

Un commandement, un programme ambitieux

Comprenons aussi la seconde partie de ce fabuleux commandement : Aimes ton prochain comme toi même. A première vue il ressemble fort à une injonction à se regarder le nombril. A la réflexion, et mieux encore à l'expérience, ce commandement, terriblement concis, désigne un vaste chemin. Il nous demande de commencer par soi puis d'aller au delà.
Il nous suggère d'offrir à autrui un vrai cadeau d'une vraie valeur, l'ultime don, celui de l'amour. Et il semble nous dire que pour cela, il serait nécessaire d'être soi-même aimable au point de nous reconnaître nous-même en tant que tel !
Personnellement, je trouve que c'est un programme particulièrement ambitieux. Il y a du gros travail à faire et cela commence par le développement personnel.
Ce développement personnel, parfois vendu comme la recherche du bien-être, mieux encore peut être vu et vécu comme cette trajectoire destinée à faire de nous un être bien. Alors enfin le don de soi aura la meilleure des valeurs.

Intelligence émotionnelle et ésotérisme

Les travaux de ces dernières décennies sur l'intelligence émotionnelle montrent, outre qu'elle est le fondement réel du succès humain, que le développement de cette forme d'intelligence repose sur le socle d'une meilleure conscience de soi.
D'autres travaux, plus anciens et parfois plus ésotériques, évoquent que le développement de la conscience de soi mène à appréhender l'essence de l'être, la similitude extrême entre soi et autrui. Il mène à la perception de la nature universelle de la conscience et d'une identité commune, une existence une et indivisible.
Le développement personnel s'inscrit alors dans une perspective qui va bien au delà d'un petit intérêt superficiel et égoïste.

Une vision pragmatique

Très pratiquement toutefois, nous pouvons avoir cette certitude simple que le développement personnel commence très exactement là où nous sommes, là où nous en sommes personnellement. Alors expérience mystique, séance de massage ou lecture d'un bouquin sympathique sur quelque plage ensoleillée … tout est bon si cela nous fait grandir à partir de notre présent réel : ici, maintenant.

Malgré tout, ce développement personnel reste bien centré sur l'ego.
Aurait-on vraiment le choix ?

Les bonnes âmes sans ego

Existeraient ils des bonnes âmes sans ego ?
Elles s'occuperaient des autres et non d'eux-mêmes.
Il est fort possible que cela ne soit qu'une illusion
Les comportements altruistes cachent plus qu'on aimerait le penser un égoïsme profond où l'intention première est d'obtenir une attention particulière des personnes côtoyées. C'est notamment le cas des personnalités non totalement synchronisées de type 2 de l'énnéagramme.
En psychologie, il est souvent fait référence à la motivation réparatrice des personnes qui se destinent ou œuvrent dans la relation d'aide.
Et bien sûr, nombreux sont ceux qui se voient comme ayant une mission de délivrer quelque vérité absolue au commun des mortels. Sectaires, porteurs de dogme et extrémistes de tout poils servent très bien la rigidité de leur propre système de croyance, et bien moins autrui.
Je pense malgré tout que des bonnes âmes réellement altruistes existent. Pour être franc, je ne pense pas être de ceux-là … mais je ne suis pas fini !
Peu importe, même ces bonnes âmes ont un ego. C'est l'endroit même où elles s'incarnent.
Pour le plaisir de faire de l'esprit, je dirai bien que l'être non incarné est une vue de l'esprit.

Le véhicule de l'âme

L'ego est le véhicule de l'âme.
Nous ne sommes pas de purs esprits. Nous avons ce costume d'homme qui nous colle à la peau. Que nous le voulions ou non, nous avons cet ego … à vie !
Qui veut voyager loin ménage sa monture. Ou si vous préférez, un véhicule bien entretenu et avec de bonnes options de confort est certainement un habitacle de meilleure dignité pour une âme mieux nourrie.
Le développement personnel est bien le développement de qui nous sommes en tant qu'être incarné. Il est certainement souhaitable que ce développement de notre ego - véhicule serve bien l'être ou l'âme en nous.

La réalisation de l'être

La négligence du développement de cet ego-véhicule serait la négligence de l'être qu'il porte.
Je préfère le développement personnel et la réalisation de l'être vers lequel il semble mener, là bas, loin devant.